LITTERATURE - ( Ghisoni et Corse )

Il était tard quand nous sommes arrivés à Ghisoni, maigre village où il me semblait impossible de loger des honnêtes gens.

On nous a conduits devant une grande maison grise et délabrée.

Quoiqu'il fût nuit, je ne voyais aucune lumière aux fenêtres, et la porte qui s'ouvrait sur la rue était celle d'une salle basse où grognaient des pourceaux.

A un angle de cette pièce enfumée était placée une large échelle en bois et dont les marches peu profondes ne permettaient de monter qu'en se tournant de côté.

Nous avons trouvé le maître et sa femme qui ne nous attendaient que le lendemain.

Ils se sont donc beaucoup excusés sur ce qu'ils avaient déjà dîné, et se sont mis tout de suite à préparer notre repas.

La maîtresse était une grande femme maigre, vêtue d'une robe bleue faite sans doute d'après une gravure de mode du temps de l'Empire, c'est là, du reste, tout ce que je puis dire d'elle, car elle ne nous a pas adressé un mot et nous a servis silencieusement et respectueusement comme une servante ( … )

 

( … )

J’avais éteint mon flambeau et la lune avec tous ses rayons entrait dans ma chambre et m’éclairait comme en plein jour.

Je me levais et regardais la campagne, je voyais les chèvres marcher dans les sentiers du maquis et sur les collines, çà et là, des feux de bergers, j’entendais leurs chants.

Il faisait si beau qu'on eût dit le jour, mais un jour tout étrange, un jour de lune.

Le ciel semblait haut, et la lune avait l'air d'être lancée et perdue au milieu;
tout alentour elle éclairait l'azur, le pénétrait de blancheur, laissait tomber sur la vallée en pluie lumineuse ses vapeurs d'argent qui, une fois arrivées à terre, semblaient remonter vers elle comme de la fumée.

 

Gustave FLAUBERT, Oeuvres complètes - Par les Champs et par les Grèves - Pyrénées, Corse ( Ghisoni, Octobre 1840 )

 

 

 

Si il est encore en Europe un peuple capable de législation, c'est bien l'île de Corse.
J'ai quelque pressentiment qu'un jour cette petite île étonnera l'Europe

                                                                                                    
                                                                     J-J. Rousseau 

Si la Corse fourmille aujourd'hui de très nombreux ouvrages, ce n'était certes pas le cas jusqu'à la fin du XIX ème Siècle.
Il y a fort à parier qu'en dehors de certains livres de géographie et des ouvrages de
Prosper Mérimée, les continentaux de cette époque n'ont sans doute pu consulter grand chose sur notre île.

Quelques livres glanés cà et là :
- Le Mémorials des Corses ( en 6 Volumes )
- Colomba
- Mattéo Falconne
- Guide sur la Haute-Corse
- Guide de la Corse mystérieuse
- Refuge
- Presque une île
- Caveau de Famille
- Contes de Corse
- L'Ile des seigneurs
- La Terre des seigneurs
- Le Roi de Corse,
de Michael Kleeberg, chez Flammarion

Quand à notre village, les écrits sont encore plus rare !, citons deux d'entre eux réalisés par des Ghisonais, et 3 morceaux choisis de Gustave Flaubert, J.J Rousseau et André Gide.

L'ouvrage de Marc-François MARTELLI, ancien maire de Ghisoni.
Le livre a été écrit en 1960, et parle aussi bien d'histoire, d'architecture, de géographie, que de faits marquants pour le village.
( Monographie des communes de Corse - M.F Martelli - 1960 - Archives départementales de la Corse )

Et plus récemment, celui écrit par Pierre-Dominique CERVETTI, rempli de souvenirs de jeunesse et de belles images - ( Ghisoni, Légende et réalités - Décembre 1997 )

La route entre Zonza et Ghisoni est très belle, j’aurais 20 ans de moins, je viendrais m’installer à Ospédale, Cozzano ou Ghisoni dans la foret de châtaigners.

                                                                                                                                André Gide,  Aout 1930